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CONCERT DE PEINTURE

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© Photo : all rights reserved

LA PEINTURE C'EST DE LA MUSIQUE

"Je ne peins pas sur de la musique, je joue de la peinture !". Mathias Duhamel aborde son travail comme celui d'un musicien qui aurait pour instrument la matière de peinture. En une vingtaine d'années, le Concert de Peinture est devenu un genre de performance artistique à part dans lequel la matière picturale est analogue à la matière musicale : éphémère.


Mathias Duhamel propose une vision de la performance picturale qui se situe dans une temporalité et non dans un format. Il défend une vision musicale de la peinture. Une vision en mouvement, diamétralement opposée à la vision statique d'une peinture qui se construit et qui, une fois achevée, est conçue pour être contemplée. Il compare souvent son travail à l'évolution d'un coucher de soleil : la lumière modifie la couleur des nuages à mesure que le soleil descend vers l'horizon puis la symphonie des couleurs disparaît une fois la nuit venue.

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La peinture vécue comme de la musique

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L'œuvre picturale de la performance ne se construit pas progressivement en remplissant la surface de la toile mais, du début à la fin du concert, sur un même support, Mathias Duhamel fait apparaître puis disparaître des matières, des formes et des couleurs, telles des notes sur une portée musicale ou telles des scènes successives d'un film en mouvement dont chacune recouvre la précédente. "Il ne s'agit pas d'obtenir un résultat final construit mais de traverser des émotions à chaque scène jusqu'à l'extinction de la dernière note."

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Tout défilement est de la musique

 

Une musique vibre et nous fait vibrer parce qu'elle est avant tout un défilement d'unités dont la perception globale laisse une trace émotionnelle. Nous comprenons facilement un défilement de notes, de sons. En élargissant le principe, un défilement de choses, d'objets, de mots, d'images, de gestes ou de fragments de peinture est à considérer comme de la musique. Les poètes parlent de la "musique des mots" parce que leur diction en mouvement est précisément ce qui procure l'émotion.

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La peinture est une matière

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"Notre vision de la peinture est conditionnée depuis des siècles par le besoin de fixer une image au mur et de la rendre pérenne. Pour moi, la peinture est avant tout une "matière" et non un tableau. Au concept du tableau a toujours été associé le rôle d'un peintre qui l'exécute et le signe. Je préfère y associer le rôle d'un musicien qui joue de la peinture dans l'instant et qui ne signe rien pour l'avenir. Laisser une trace physique pérenne me semble dénué de sens. J'essaie de rendre la peinture aussi intéressante et légère que la musique par son aspect éphémère."

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Recouvrir la dernière scène

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A la fin de ses performances, Mathias Duhamel recouvre la dernière scène d'un drap de coton blanc pour la rendre invisible. Il explique cette momification de la toile par un besoin impérieux d'éviter que chacun imagine cette scène comme un aboutissement du processus de création. "Au cinéma, à la fin d'un film, la toile redevient blanche car la dernière image ne saurait être l'aboutissement du film complet. A la fin d'un concert, la dernière note s'éteint car elle ne saurait refléter l'ensemble du morceau musical. Et personne ne s'offusque de ces disparitions de l'image ou du son. Avec la matière de peinture, je me place dans cette même vision."

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L'énergie picturale

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Mathias Duhamel replace la matière de peinture dans le cadre d'une énergie visible, un peu comme le son est l'énergie audible de la musique. Lors de ses performances, il reste concentré sur le processus de création qui se déroule dans la tête et par les mains, il fait corps avec le moment précis où se réalise l'œuvre. "Seule l'énergie m'intéresse. Chercher à rendre l'œuvre esthétique est hors sujet".

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L'intention gestuelle

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Mathias Duhamel emprunte aux musiciens, aux chefs d'orchestres, aux danseurs, aux comédiens, la nécessaire gestuelle des intentions de jeu sans laquelle aucune émotion réelle ne pourrait s'exprimer.

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Les gestes déclenchés par des intentions sont des impulsions nécessaires qui propulsent la matière sonore ou visuelle plus loin ou plus profondément. Pour créer, des artistes peintres célèbres, comme Jackson Pollock ou Fabienne Verdier, ont emprunté aux musiciens la spontanéité de la gestuelle. Comment faire autrement pour créer ? L'actrice Juliette Binoche confiait sur France Inter "qu'il existe une magie dans le travail des artistes : celle qui consiste à faire descendre une intention dans la matière".


Dans le Concert de Peinture, la gestuelle des intentions était totalement absente dans les premières années. Elle s'est imposée naturellement avec le temps. Une forme chorégraphique étrange est apparue. Là où certains y verront une exagération théâtrale, Mathias Duhamel soutient que, sans cette gestuelle expressive, la matière picturale ne pourrait rejoindre la matière sonore de la musique.

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