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CONCERT DE PEINTURE

Le "Concert de Peinture" est une discipline artistique imaginée par Mathias Duhamel à partir de 2006. Il s'agit d'un genre de performance sur scène qui réunit peinture et musique et dans laquelle la matière picturale s'exprime de façon aussi éphémère que la matière musicale : en étant cadencée par la temporalité de chaque concert.

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© Photo : all rights reserved

LA PEINTURE C'EST DE LA MUSIQUE

"Je ne peins pas sur de la musique, je joue de la peinture !"

 

Mathias Duhamel aborde son travail comme celui d'un musicien qui a pour instrument la matière de peinture. Il propose une vision de la performance picturale qui se situe dans une temporalité et non dans un format. Une vision en mouvement, diamétralement opposée à la vision statique d'une peinture qui se construit et qui, une fois achevée, est conçue pour être contemplée. Il compare souvent son travail à l'évolution d'un coucher de soleil : la lumière modifie la couleur des nuages à mesure que le soleil descend vers l'horizon puis la symphonie des couleurs disparaît une fois la nuit venue.

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La peinture vécue comme de la musique

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Du début à la fin du concert, sur un même support, Mathias Duhamel fait apparaître puis disparaître des matières, des formes et des couleurs, telles des notes sur une portée musicale ou telles des scènes successives d'un film en mouvement dont chacune recouvre la précédente. "Il ne s'agit pas d'obtenir un résultat final construit mais de traverser des émotions à chaque scène jusqu'à l'extinction de la dernière note."

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Tout défilement est de la musique

 

"Une musique vibre et nous fait vibrer parce qu'elle est avant tout un défilement d'unités dont la perception globale laisse une trace émotionnelle. Nous comprenons facilement un défilement de notes, de sons. En élargissant le principe, un défilement de choses, d'objets, de mots, d'images, de gestes ou de fragments de peinture est à considérer comme de la musique. Les poètes parlent de la "musique des mots" parce que leur diction en mouvement est précisément ce qui procure l'émotion."

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La peinture est une matière

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"Notre vision de la peinture est conditionnée depuis des siècles par le besoin de fixer une image au mur et de la rendre pérenne. Pour moi, la peinture est avant tout une "matière" et non un tableau. Au concept du tableau a toujours été associé le rôle d'un peintre qui l'exécute et le signe. Dans le Concert de Peinture, j'essaie de rendre la peinture aussi fluide que la musique."

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Recouvrir la dernière scène

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A la fin de ses performances, Mathias Duhamel recouvre la dernière scène d'un drap de coton blanc pour la rendre invisible. Il explique cette momification de la toile par la nécessité de ne pas imaginer cette dernière scène comme l'aboutissement du processus de création. "Au cinéma, à la fin d'un film, la toile redevient blanche car la dernière image ne saurait être l'aboutissement du film complet. A la fin d'un concert, la dernière note s'éteint car elle ne saurait refléter l'ensemble du morceau musical. Et personne ne s'offusque de ces disparitions de l'image ou du son. Avec la matière de peinture, je me place dans cette même vision. Dans le Concert de Peinture, l'œuvre n'est pas la peinture produite mais l'émotion produite par la peinture en mouvement".

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L'intention gestuelle

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Mathias Duhamel emprunte aux musiciens, aux chefs d'orchestres, aux danseurs, aux comédiens, la nécessaire gestuelle des intentions de jeu sans laquelle aucune émotion réelle ne pourrait s'exprimer.

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Les gestes déclenchés par des intentions sont des impulsions nécessaires qui propulsent la matière sonore ou visuelle plus loin ou plus profondément. Pour créer, des artistes peintres célèbres, comme Jackson Pollock ou Fabienne Verdier, ont emprunté aux musiciens la spontanéité de la gestuelle. Comment faire autrement pour créer ? L'actrice Juliette Binoche confiait sur France Inter "qu'il existe une magie dans le travail des artistes : celle qui consiste à faire descendre une intention dans la matière".


Dans le Concert de Peinture, la gestuelle des intentions était totalement absente dans les premières années. Elle s'est imposée naturellement avec le temps. Une forme chorégraphique étrange est apparue. Là où certains y verront une exagération théâtrale, Mathias Duhamel soutient que, sans cette gestuelle expressive, la matière picturale ne pourrait rejoindre la matière sonore de la musique.

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